8 prédictions pour 2010 pour un web plus responsable, plus démocratique, plus digital…

Un web plus responsable

2010 devrait réserver des surprises. Après des années de valorisation technologique et de médiatisation du « tout web », le futur du web pourrait venir … des utilisateurs.

Les média sociaux existent depuis plusieurs années, Facebook, les blogs sont devenus des phénomènes de société. 2010 pourrait être l’année, ou les internautes devenus matures,  vont s’emparer du web pour de nouveaux usages, lui insufflant une vitalité nouvelle, enfin responsable.

  • L’action sociale devient l’un des moteurs du web local

L’hyperlocal devient un enjeu économique et aiguisent les appétits de nouveaux acteurs qui manquent cruellement de contenus. L’affaiblissement des journaux locaux va imposer à ces nouveaux arrivant de produire et d’agréger des contenus originaux. En incitant les internautes et les leaders d’opinion à s’investir dans la vie numérique locale (the examiner) et en favorisant les contenus auto produits ( Seed) ils vont truster les premières places. Mais au-delà de la production d’informations locales les web citoyens vont massivement utiliser Internet pour développer de nouvelles solidarités, défendre leurs opinions et agir collectivement. Les réseaux sociaux deviennent locaux grâce à la géo-localisation.

> Pinpointing Popularity: Social Networking Gets Physical sur Digital media Buzz

  • L’hyperlocal emporte tout sur son passage

Que ce soit en terme de contenus, de publicité (LocalThunder) ou de business, l’hyperlocal va faire recette en 2010.  Les coupons, les bonnes affaires (Milo et son moteur de recherche ou postabon), la géolocalisation des bons plans (Gowalla) exploitent le potentiel du local. Je vous conseille de lire l’article de Mediatransparent « Examples of Twitter Hyperlocal Advertising Models« . Rien de plus efficace que des prescripteurs qui sont vos amis…

  • La tablette préfigure l’avenir de la presse numérique

Tout le monde l’attend. La tablette Apple devrait être bien plus qu’un Iphone XXL. Son format et son confort de lecture la prédispose tout naturellement à accueillir le journal électronique de Minority Report.

Apple travaille depuis plusieurs mois avec des acteurs majeurs du monde de l’édition pour intégrer du contenu « print » à Itunes. Le New York Times a été approché pour mettre son journal sur un nouveau terminal de lecture. La conjonction tablette / Itunes pourrait être le duo gagnant de la distribution de la presse numérique.

  • Les blogs deviennent des plateformes multi média

« Blog as platform ». Les blogs, les outils de diffusion de contenus vont intégrer de plus en plus de média et se décliner sur un nombre de terminaux de plus en plus important, devenant par la même les premiers diffuseurs de contenus en terme de volume.

  • Le téléphone s’impose comme le premier terminal de connexion à Internet

Quelque 4,6 milliards de personnes, soit environ 67% de la population mondiale, seront équipées d’un téléphone portable à la fin 2009, selon un rapport publié  par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Un chiffre qui fait du mobile la deuxième technologie personnelle la plus adoptée à travers le monde, juste derrière le téléviseur (4,9 milliards), mais loin devant le PC (1,9 milliard). UIT précise dans ses dernières statistiques que plus d’un quart de la population mondiale est désormais connectée et utilise le réseau Internet. La progression de la qualité des réseaux devrait placer les terminaux mobiles comme le premier vecteur d’accès à Internet dans les prochaines années.

  • La pluralité des sources d’information est menacée

Les agences de presse indépendantes et plus particulièrement les agences photos sont les premières victimes de la baisse des recettes publicitaires des journaux. 2010 marquera la disparition d’une partie d’entre elles. Eyedea (Gamma, Rapho,…) , Magnum subissent la crise de plein fouet. Les agences les plus fragiles vont disparaitre les unes après les autres, laissant la place à une information uniformisée, dominées par les deux agences filaires AFP et Reuters, au détriment de la pluralité de la presse. Sans un modèle économique viable l’information éditoriale va se tarir. Les internautes sont ils prêt à payer pour que cela n’arrive pas…

  • L’open data : la démocratie digitale n’est plus un mythe

Plus de transparence, plus de démocratie. On ne peut qu’adhérer aux valeurs de l’Open Data.

La démocratie américaine à ouvert la voie en s’engageant pour l’ouverture des données. Un site dédié aux données fédérale , www.data.gov, anticipe la demande croissante des citoyens à plus de transparence. Des initiatives comme Open Congress rendent comptes des actions du congrès. Cette vague de fonds balaye l’Europe et l’Open Data Camp de Paris fait un état des lieux.

L’Open Data va avoir des répercussions sur le journalisme en ouvrant la voie au data journalisme, aux initiatives citoyennes, à un meilleur contrôle des dépenses publiques, au débat politique. il s’agit d’une prise de pouvoir des citoyens par l’information. Nous en sommes au début. La porte est ouverte, elle ne devrait plus se refermer.

  • Les journaux multiplient les plans sociaux et réévaluent leurs business modèles

Entre 2007 et 2009 plus de 140 journaux américains ont fermé ou stoppé les rotatives en 2009 avec 15.000 suppressions d’emplois et plus de 400 magazines ont suivis la même voie. Le dernier semestre les revenus publicitaires des journaux américains a continué de décroitre de 25%. La crise des média va s’amplifier et toucher l’hexagone. Plusieurs titres régionaux ne devraient pas survivre. La concurrence du web y est pour beaucoup, l’absence de remise en cause des modèles économiques existants et la fuite des annonceurs accélère le mouvement, mais il existe un facteur déterminant moins mis en évidence : la qualité des contenus. La production des contenus sur Internet progresse de manière exponentielle. Les outils sont désormais accessibles à tous. La fragmentation des publications permet à chacun de trouver le spécialiste qui va lui parler de son sujet. Les médias papiers vont être obligés de suivre cette tendance que ce soit sur leur support papier ou numérique. Mais les médias « traditionnels » doivent d’abord lutter sur le terrain qualitatif pour se distinguer des contenus auto produits sous peine de voir disparaitre leur lectorat et leurs annonceurs.

La dépendance des journaux envers leurs régies vont les amener à revoir leur fonctionnement afin de percevoir une plus grande part du gâteau publicitaire. La sacro sainte séparation éditeur / régie risque de subir des accrocs sérieux. Certains titres notamment gratuits vont devoir couper leurs branches papier pour se recentrer sur leurs activités Internet. Tous les journaux vont également revoir leur process de collecte d’annonces et de contenus afin de limiter leurs coûts. Fini les commerciaux faisant le tour des annonceurs pour leur serrer la main, terminé les localiers… Désormais les flux d’annonces annonceurs / diffuseurs seront automatisés et la gestion de la multi diffusion accessible en ligne, l’alimentation des informations ultra locales se fera de plus en plus directement via les acteurs, associations, les collectivités. C’est à ce prix que les titres les plus novateurs survivront.